
L’histoire du massage 2/3
Moyen Âge aux hippies :
Au Moyen-Age, le massage disparaît des techniques médicales. A cette époque, le massage était assimilé à la sexualité et aux plaisirs de la chair. L’église réprimait déjà les Thermes Romains depuis longtemps. Lieu de luxure et d’orgie, les Thermes Romains provoquaient leurs lots de grossesses illégitimes et de maladies sexuellement transmissibles. Justifiant la chute de l’empire romain par la débauche, l’église condamnait la faiblesse de la chair, instrument du mal et de la luxure, qui ne méritait que châtiments et flagellations. Les Thermes sont fermés et la pratique du massage totalement interdite. Les Thermes sont remplacés par des étuves, utilisées strictement pour la toilette.
Kobido
Au Japon, en 1472 le massage Kobido devient le plus populaire dans son pays, il est constitué de digitopression, de percussions et de lissage profond ceci donne un coût d’éclat au teint, un effet « anti-âge » et une très grand relaxation.
XVIème siècle
Il faut attendre le XVIème siècle pour que le massage soit réintroduit en médecine, grâce à Ambroise Paré, chirurgien du roi Charles IX. Ambroise Paré utilisait le massage en complément des nouvelles techniques médicales qu’il avait mises au point (ligature artérielle, prothèses après amputation).
Le massage Suédois
Cependant, le véritable renouveau du massage attendra le XIXème siècle grâce à Pehr Henrik Ling (1776-1839). Ce suédois formé aux arts martiaux et au massage chinois Tui Na imagina une méthode alliant gymnastique et massage. Afin de conserver une bonne santé ou de guérir certaines pathologies. Le massage suédois créé en 1812, est encore très utilisé aujourd’hui. Et utilise les techniques d’effleurage, de pétrissage, des frictions et de tapotement. Reconnu par ses pairs, Pehr Henrik Ling fut élu à la tête de l’Académie Suédoise, ce qui redonna au massage en général ses lettres de noblesse médicales.

En plus de son utilisation par des professionnels habiles. Le massage était employé dans les familles, dans l’ensemble de l’Asie et l’Afrique. En particulier par des mères massant leur bébé. Le massage de la tête fait partie intégrante d’une visite chez le barbier ou le coiffeur dans une bonne partie de l’Afrique du Nord et de l’Asie. En Inde et en Asie, il fait partie du quotidien et représente une hygiène de vie, un moment privilégié de détente. Le massage s’est également développé indépendamment dans d’autres régions du monde.
Lomi Lomi
Les premiers visiteurs européens des îles Pacifiques ont décrit l’utilisation du massage tel que le « Lomi Lomi » Hawaïen date de 1012. La technique de ce massage est basée sur un mouvement continuel rappelant le va-et-vient des vagues. L’ensemble du corps est massé et vous êtes, normalement, accompagné par une musique hawaïenne le long du massage. Le Capitaine James Cook, lors de son troisième voyage dans le pacifique vers la fin du XVIIIème siècle, a bénéficié d’un massage (« romee ») à Tahiti pour soulager une douleur sciatique.
Deep Tissue massage
Au XIXème siècle, un médecin canadien invente le massage Deep Tissue. Comme son nom l’indique c’est un massage des tissus profonds, à base d’étirement très précis. C’est un massage destiné aux personnes sportives pour de la récupération physique ou bien aux personnes très stressées afin de dénouer toutes tensions. Très efficace, ce massage a des effets qui peuvent durer jusqu’à 3 semaines. Mais je vous en parlerai plus en détails dans un autre article.
Sigmund Freud
Au début des années 1900, aussi surprenant que cela puisse paraître, Sigmund Freud, l’inventeur de la psychanalyse utilisait le massage lors de ses séances pour calmer ses patients. Il massait les mains de ceux qu’il voulait rassurer, puis séance après séance quand cela était chose faite, il prenait de la distance pour exercer son métier de psychanalyste pur.
Le Drainage Lymphatique
Winiwarter
1892 en Autriche, les bases du drainage lymphatique à été élevaient pour la première fois par le professeur Winiwarter, chirurgien brillant. Il publiât un ouvrage sur les inflammations chroniques de la peau et du tissu conjonctif. Sous ce titre aride se dissimule, entre autre, ce que nous appelons aujourd’hui des œdèmes d’origines lymphatique.
Fège
A la même période, en France, le docteur Fège, professeur en médecine à l’hôpital Necker de Paris. Publie un ouvrage traitant d’une nouvelle méthode de massage médical intitulé « le massage précoce post traumatique » édité en 1898. On peut dire qu’il posa les bases du massages circulatoire moderne. Sa technique prend comptes l’ensemble des systèmes constituant « l’unité circulatoire ». C’est-à-dire les veines, les vaisseaux capillaires, le système lymphatique et tissulaire, et prend considération leur interdépendance fonctionnelle.
Le Dr Fège préconise son massage pour réduire les œdèmes traumatiques et évacuer les hématomes. Il constate qu’il permet d’éviter les retards de cicatrisation et la fibrose tissulaire. Il démontre par des études cliniques comparatives très poussées que le temps de récupération fonctionnelle de ses patients est très nettement diminué.
E. Vodder
Ce n’est qu’en 1936, qu’Emile Vodder présente en France sa méthode de drainage lymphatique manuel. Plus basée sur l’anatomie que sur la physiologie lymphatique. Il éprouva quelques difficultés à faire connaître le bien fondé de ses théories. Malgré tout, il produit sa méthode a Paris et a Copenhague (où il créa un institut de drainage lymphatique).
Ce n’est que dans les années 70 qu’il ouvrit une école à Waldsee en Autriche . Il forma de nombreux élèves cherchant à améliorer le champ d’application du D.L.M, œdèmes tissulaires. Il est utile de citer les plus dynamiques d’entre eux : Asdonk, Kunhke, Földi, à la Feldberg Klinik ainsi que Leduc en Belgique. Bien que décrite il y a 70 ans, de nos jours, de nombreux praticiens continuent à utiliser la méthode Vodder, à la lettre, sans en avoir modifier quoi que ce soit.
A. Leduc
A. Leduc, inspiré des manœuvres de Vodder en décrit de nouvelles beaucoup plus simples et moins nombreuses, essentiellement deux. Elles répondent à la seule exigence de la fonction lymphatique. Le captage avec la manœuvre de « résorption » et l’évacuation avec la manœuvre « d’appel ». Sa méthode, toujours enseignée de nos jours mais comme pour celle de Vodder n’a guère évolué.
J. De Micas
En 1974, Jacques de Micas découvre et s’initie au drainage lymphatique manuel selon la méthode Vodder. Il s’y intéresse et étudie aussi les méthodes de Leduc et de Földi. Il les compare et constate qu’il n’existe aucune rivalité de tendance mais en relève les complémentarités. Suite à cette constatation et partant du principe que les techniques doivent évoluer avec l’actualisation des connaissances. Avec un groupe de confrères, il fonde en 1982, L’ASSOCIATION FRANÇAISE DES PRATICIENS EN DRAINAGE LYMPHATIQUE MANUEL (AFPDLM).
Jacques de Micas, ayant eu le privilège d’étudier et de pratiquer la méthode Fège lors de ses études de kinésithérapie à l’hôpital Necker de Paris. Il fait la relation entre un drainage lymphatique manuel déjà évolué et la méthode de Fège. Des 1990, de Micas intègre au drainage les principes de Fège et met en place de nouvelles manœuvres adaptées au retour veineux et aux échanges capillaro-tissulaire. L’étude attentive de la physiologie circulatoire, lui a permis de remettre en question ce principe archaïque. Qu’en poussant la lymphe ou le sang, on augmente le débit circulatoire de retour. Il fallait y remédier par un nouveau concept et des manœuvres appropriés. C’est dans la continuité de l’esprit d’évolution et de recherche des élèves de Vodder que Jacques de Micas adapte le protocole. Un nouvelle méthode de traitement est créé, justement dénommée : Dynamisation vasculo-tissulaire manuelle.
Le Shiatsu
Le Shiatsu renaît dans les années 1920 grâce au japonais Tokujiro Namikoshi (1905-2000). Tokujiro Namikoshi est à l’origine de la création du shiatsu moderne, il découvre sa technique lorsqu’il avait 7 ans.
La petite histoire de Tokujiro Namikoshi
Sa mère souffrait de polyarthrite rhumatoïde, disposant ni de pharmacie ni de médecin dans le village reculé où ils habitaient. Il entreprit de masser les articulations douloureuses de sa mère afin de la soulager. Sans connaissance anatomique d’aucune sorte, mais en sentant simplement au contact les différences de chaleur et de fermeté de la peau. Exécutant au début plus d’effleurements que de frictions. Il se rendit compte qu’en inversant ses enchaînements, il s’avérait plus efficace à traiter la douleur. Il se concentra alors sur les régions les plus ankylosées et les plus froides. Ses maux ont finalement disparu et elle a vécu en très bonne santé jusqu’à l’âge de 88 ans.
Cette anecdote d’enfance conduit Namikoshi à s’interroger sur les possibles capacités du Shiatsu. A stimuler les mécanismes d’auto-guérison du corps humain. Au cours du début du XX° siècle, les coutumes occidentales, dont la médecine, sont ancrées dans la culture japonaise. Namikoshi entame l’étude du massage Anma et du massage occidental, et étudie l’anatomie et la physiologie.
Tokujiro Namikoshi
En 1925, il ouvra l’institut de Thérapie Shiatsu a Hokkaido. En 1933, il établit un autre institut à Tokyo, luttant pour la reconnaissance officielle de cette discipline. Le 11 février 1940, l’Institut Japonais de Shiatsu voit le jour. En 1955, le Shiatsu est accepté officiellement, mais considéré comme faisant partie du massage Anma. C’est en 1957,qu’il reçoit la licence officielle du ministère de la santé et le nom définitif d’École Japonaise de Shiatsu, est adopté par l’institution. En 1964, le Shiatsu est reconnu comme un art distinct et indépendant de l’Anma. Namikoshi partant d’une pratique de massage appartenant à la médecine populaire, d ‘études en anatomie, et d’une formation en Anma et en massage occidental. Il développe une technique de thérapie manuelle systématisée, qui est peu a peu adoptée au Japon. Il ne fonde pas sa discipline sur la Médecine traditionnelle chinoise, mais bien sur considération de principes anatomo-physiologiques.
Shizuto Musanaga
Quelques années plus tard, Shizuto Masunaga (1925-1981), réintroduit les principes de base de la médecine traditionnelle chinoise (cinq éléments, yin et yang, méridiens, etc) dans le shiatsu. C’est aujourd’hui le plus répandu en Europe.
Professeur de psychologie à l’université de Tokyo, Musanaga s’intéresse beaucoup à la Médecine traditionnelle chinoise et effectue de nombreuses recherches sur le sujet. Il obtient un diplôme à l’école de Namikoshi, où il enseigne pendant 10 ans. Ses trois centres d’intérêt, la psychologie, la pratique classique du shiatsu, et ses recherches historiques sur les origines de ce dernier. Ceci le conduit à développer sa propre technique, appelée « Zen Shiatsu » ou « Iokai Shiatsu ». Comportant sa propre théorie, qui englobe les modèles orientaux et occidentaux de la maladie et de la guérison.
En 1968, il fonde l’institut IOKAI a Tokyo. Jusqu’à sa mort en 1981, il enseignera la shiatsu des méridiens, adaptant la discipline de Namikoshi aux théories de la médecine chinoise. Après la disparition de S.Masunaga, différentes formes de Zen Shiatsu continueront à être développées par différents praticiens. Le plus grand développement et la principale synthèse du Zen Shiatsu a lieu dans les pays occidentaux. On trouve divers styles de Shiatsu qui se rapproche plus ou moins d’une des écoles mentionnées plus haut, notamment :
- le Sei Shi, de Okuyama ;
- le Shiatsu macrobiotique, de Shizuk Yamamoto ;
- l’Ohashiatsu, de Wataru Ohashi ;
- le Shiatsu Myo-énergétique de Hiroshi Iwaoka.
En mai 1997, l’Union européenne mentionne le Shiatsu comme l’une des 8 méthodes de médecine complémentaire reconnues dans ses 15 États membres. Au canada, seul dans l’Otario, et la Colombie- Britannique lui accordent une reconnaissance légale. On retrouve donc aujourd’hui deux principales écoles du Shiatsu, Namikoshi et Masunaga.
Les années hippies
Les années 1960, aux États-Unis comme en Europe, le massage n’allait pas très bien, malgré des années et des années de bienfaits prouvés. Avec l’arrivé des nouvelles technologies comme des appareils vibrants que l’on utilisait pour masser, des groupes d’individus sentirent leurs sens du toucher leur échapper. Plus de contact entre les Hommes, entre les mains du masseur et du bénéficiaire.
Les hippies partirent de San Francisco et rayonnèrent sur une grande partie du globe et redonnèrent le goût du toucher. Proches de la nature et loin des machines, les enfants des fleurs fabriquaient même leurs propres huiles de massage. C’est grâce a eux si le massage s’est démocratisé dans le monde occidental.
Fin des années 1960, début des années 1970, avec la libération sexuelle, le corps retrouve peu à peu sa place dans la société. Libéré des carcans de la morale et de la religion, il devient un instrument de bien-être et de plaisir, esthétique. Il devient donc logique de prendre soin de son corps et de son apparence physique afin de trouver une harmonie entre l’esprit et le corps. Avec le développement du mouvement New-Age, les techniques de développement personnel et les méthodes orientales de massages arrivent en masse dans la société.
C’est tout pour cette seconde partie sur l’histoire du massage. J’espère que cela vous a intéressé. Vous avez la suite sur l’histoire du massage, les temps modernes 3/3. Bonne lecture.
A bientôt
Pauline
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